Récepteur nostalgie 2009

Nostalgie 2009

Récepteur à réaction basse tension anodique 3 – 19 MHz

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Sommaire


Novembre 1923. Voici 2 nuits que Léon Deloy F8AB transmet vers les Etats Unis d'Amérique. Deux télégrammes ont confirmé qu'il avait été reçu les jours précédents par les radioamateurs américains Schnell 1MO et Reinartz 1AXM (indicatif spécial 1QP) sur une longueur d'onde de 110 m. Quatre heure et demi du matin, F8AB repasse sur écoute après une longue transmission. Oui une télégraphie se fait entendre. C'est 1MO. Pour la première fois, en ce 28 novembre, un échange de message a traversé l'atlantique sur ondes courtes. Ce qui était impossible théoriquement a été réussi par des amateurs avec des moyens presque rudimentaires. L'émetteur de Léon Deloy était un montage Hartley avec 2 lampes de 250 watts SIF en parallèle alimentées sous 3000 à 4000 volts alternatifs (25 Hz). Le récepteur était un Grebe CR-13, montage à réaction comprenant une triode RF accordée et une triode détectrice (1). Le récepteur de 1MO était un peu différent. Il comportait aussi 2 triodes, la première en détectrice à réaction, la deuxième en amplificatrice audio fréquence.

En 1949, pour Georges Giniaux, «  Les écoutes d'amateurs sud-américains émettant avec quelques dizaines de watt-antennes, reçus au casque, sur la bande de 20 mètres ne sont plus des exploits. Cela devient possible avec les montages bilampes à réaction, lorsqu'on a le « doigté » dans le réglage de l'accord et de la réaction » (2).

Par quel tour de magie des récepteurs aussi simples peuvent-ils recevoir des stations du monde entier ? Par l'utilisation de la réaction qui permet de multiplier par plus de 1000 le gain d'un étage amplificateur.

Aujourd'hui,en 2009, la fabrication des récepteurs à lampes est finie depuis près de 40 ans. Et pourtant, à l'heure d'internet, il est encore permis de rêver à des récepteurs simples permettant de capter en ondes courtes des stations du monde entier. Recevoir une station amateur d'Amérique avec un appareil de réalisation personnelle reste un plaisir.

Le récepteur décrit est une simple détectrice à réaction (figure 1) couvrant, avec 4 lampes, les ondes courtes de 3 à 19 MHz (100 à 16 m). Il reçoit les stations en modulation d'amplitude (AM), en bande latérale unique (BLU) et en télégraphie (CW). La sélectivité est due à un unique circuit oscillant. Les résultats sont étonnants. Il ne s'agit pas de la réplique d'un récepteur ancien, mais bien d'une réalisation adaptée aux conditions actuelles de réception, même s'il emploie des composants conçus il y a plus de 50 ans. En voici les principales caractéristiques :

Schéma

1 Emploi des tubes. Certes il est possible de faire aussi bien avec des semi-conducteurs. Cependant, les tubes sont plus simples à manier et nécessitent pas de haute tension sous réserve qu'il soit employé des triodes ayant au moins une pente de 5 mA/V et que nous nous contentions d'une faible puissance de sortie très bonne pour la réception au casque, mais insuffisante pour l'écoute en haut-parleur. J'ai employé des tubes russes bon marché (moins de 1 € pièce) trouvables sur les sites internet de ventes aux enchères. Il s'agit du tube noval 6N3P, proche de l'ECC85 ou de l'ECC81, mais avec un brochage différent. La tension anodique a été fixée à 12 V. La théorie de l'emploi des tubes avec une faible tension anodique est expliquée sur la page web suivante : http://oernst.f5lvg.free.fr/tubes/bassetension/rationnelOE.html . Cette faible haute tension explique l'absence de résistance de polarisation dans le circuit cathodique et la connexion au + 12V de la résistance de grille de l'oscillateur. Outre la sécurité, l'intérêt d'utiliser une tension anodique de 12 V est de pouvoir employer des composants standards trouvables chez tous les distributeurs de pièces électroniques. Les seuls composants difficiles à trouver sont les tubes, les supports et les condensateurs variables.

6N3P

2 Utilisation d'un étage RF apériodique (triode 1). Le but de cet étage n'est pas d'amplifier, mais d'éviter que l'antenne ne charge le circuit oscillant. Le montage en grille à la masse donne une transmodulation nettement plus faible que le montage en cathode à la masse. Sur 14 MHz, le réglage du potentiomètre de gain RF ne modifie pas l'accord à l'écoute d'une station BLU. Notez l'emploi de 2 bobines d'arrêt VHF, indispensables chez moi, pour éviter la saturation de l'étage par de puissantes stations de la bande FM qui ont un émetteur à proximité de ma station.


3 La détection (triode 2) est séparée de l'étage introduisant la réaction (oscillateur). L'utilisation d'une triode par fonction, permet d'éviter un compromis médiocre. Le schéma utilisé est particulier. Ce montage évite l'induction d'un ronflement basse fréquence sur la grille du fait de la connexion à la masse de la grille aux basses fréquences. A l'inverse, lors de la détection grille celle-ci est connectée à la masse par une résistance de plusieurs mégohms en basse fréquence. Les bruits basses fréquences induits sur la grille ne sont pas court-circuités à la masse. Le montage choisi donne donc un rapport signal sur bruit nettement meilleur que la détection grille, mais l'impédance d'entrée est faible. Pour ne pas amortir le circuit oscillant, la grille doit donc être reliée à une prise intermédiaire.


4 Le circuit de réaction (triode 3) est un oscillateur cathodyne dont le gain est réglé avec la tension plaque. Le gain du récepteur est maximum juste avant l'accrochage, c'est-à-dire juste avant le déclenchement des oscillations, pour la réception AM et juste après pour la BLU et la CW. La seule caractéristique particulière est le fait que la résistance de fuite de la grille doit être reliée au + 12V pour compenser la forte polarisation négative induite par courant grille du fait de la faible attraction des électrons par la plaque sous 12V.


5 Quatre étages AF (triodes 5 à 8) sont utilisés pour obtenir une audition forte au casque. Le transformateur de sortie est un petit transformateur d'alimentation 230/6 volts 1,5 watt.


6 Le circuit oscillant comprend 2 condensateurs variables. Le premier est un condensateur démultiplié AM FM dont seule une cage de 365 pf est utilisée. Ce condensateur permet de choisir la bande de fréquence à écouter. Le deuxième condensateur sert de vernier. Il s'agit d'un condensateur AM FM lui aussi démultiplié, donc une cage FM est mise en parallèle du premier condensateur variable. Ce condensateur sert d'accord fin dans la bande choisie. Dans la gamme 3 – 7 MHz, une deuxième cage de 20 pF est utilisée pour couvrir une gamme suffisante. En pratique, cette cage est mise en parallèle de la bobine prévue pour la gamme 3 – 7 MHz. Enfin, un condensateur fixe de 220 pF est mis en parallèle de la bobine de l gamme 12 – 19 MHz. Cette capacité permet d'étaler cette gamme au mieux et surtout est indispensable pour obtenir une stabilité en fréquence suffisante. Ce condensateur doit être d'excellent qualité, de type NP0. Les bobines sont réalisées en l'air, sans support. Ils sont d'abord bobinées sur un feutre de 12 mm de diamètre ou sur une veille lampe novale (diamètre 22 mm). Pour la gamme 12 – 19 MHz, du fil d'installation 20 A (2,5 mm2) est utilisé. Les spires sont ensuite serrées à l'aide de 2 petits fils en haut et en bas de la bobine. Pour les 2 autres gammes, le fil utilisé est du fil de câblage de 0,2 mm2. Là encore, les spires sont maintenues serrées par 2 petits fils. Ces 2 bobines ne sont pas suffisamment rigides pour tenir seule en l'air. Elles sont donc attachées à un gros fil d'installation de 6 cm soudé verticalement. La mise au point terminée, de la colle cyanolite est mise sur chaque bobine de façon à obtenir une rigidité mécanique suffisante. Le changement de gamme s'effectue par un commutateur rotatif à 3 positions 4 circuits (figure 2, figure 3). A noter qu'il faut court-circuiter à la masse la bobine de la gamme 3 – 7 MHZ quand elle n'est pas en fonction, sa résonance vers 14 MHz donnant un trou d'accrochage sur les autres gammes. Les 2 bobines d'arrêt VHF (choke) évitent le brouillage par les puissantes stations de la bande FM. Sans ces bobines d'arrêt VHF toute réception OC est impossible chez moi, habitant près d'un réémetteur FM.


commutation  commutation2

7 Le récepteur est construit sur 2 plaques de bakélite cuivrée de 20 x 30 cm. Une plaque horizontale (cuivre vers le bas) est fixée sur un U renversé fait avec une planche en bois. Cette plaque sert de « châssis ». L'autre plaque fixée sur le bois sert de face avant, le cuivre vers l'arrière. Seuls les potentiomètres. J'ai renforcé sa rigidité avec 3 équerres. Les 4 lampes sont espacées chacune de 6 cm. L'ensemble des connexions parcourues par la RF doit être rigide. En particulier rien ne doit vibrer à proximité des bobines. Des résistances de 10 Mohm servent de cosses relais quand nécessaire, leur résistance pouvant être considérée comme infinie dans ce type de montage. Pour faciliter le câblage, un fil rigide nu (fil d'installation 1,5 mm2) correspondant au +12V parcourt toute la largeur du montage au dessus des supports de lampes. Il est fixé sur les 2 côtés en bois. Plusieurs résistances de 10 Mohm reliées à la masse permettent de le rigidifier. Signalons que le câblage du circuit 6V alternatif des filaments doit se faire en 2 fils avec point médian par 2 résistances de 220 ohm pour diminuer au maximum le bruit de fond 50 Hz. Seuls les 2 potentiomètres sont fixés sur la plaque avant.


8 Le câblage entre la triode oscillatrice, le commutateur et les différents éléments des circuits oscillants doit être très court. Le commutateur est donc fixé sur la plaque horizontale, un peu en avant de la triode détectrice et de la triode oscillatrice.


9 Bien que recevant de 3 à 19 MHz, ce récepteur a été optimisé pour les bandes amateurs 80 40 et 20 m. Il est possible, après une longue période de préchauffage, d'écouter une station BLU pendant 15 minutes sans retoucher l'accord, même sur 18 MHz.


Les résultats sont à la hauteur d'une construction simple, mais reposant sur des concepts solides. Dès que les bandes de 14 ou 18 MHz sont ouvertes, l'écoute de stations amateurs d'Amérique du Nord est facile. La qualité sonore en AM est surprenante. L'abandon d'une haute tension anodique de 250 V pour une tension de 12 V se fait sans regret, sauf pour une éventuelle écoute en haut-parleur.


Bonnes écoutes     73

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ANNEXES

Annexe 1 : La réaction

Dans notre montage la réaction est créée par la seule triode utilisée dans la deuxième lampe (triode 3). L'amplification du montage dépend grandement de la réaction. Cette technique, inventée par Edwin Howard Armstrong âgé de 24 ans en 1914, permet d'obtenir un gain considérable. Imaginons un amplificateur de gain A sans réaction. En appliquant un signal E à l'entrée on obtient à la sortie un signal S tel que EA=S. La réaction consiste à réinjecter à l'entrée un pourcentage r de la sortie. Cette tension est à nouveau amplifiée. Le gain devient supérieur à A. En effet, on a A(E+rS)=S d'où AE=S(1-Ar). Le gain total G correspond au rapport S/E, donc G=A/(1-Ar). Si on choisit le pourcentage de signal retourné à l'entrée tel que Ar=1, le gain devient infini. Le montage se met à osciller : c'est l'accrochage. Cette oscillation va servir à recréer la porteuse des émissions phonies BLU qui sont de la modulation d'amplitude sans porteuse et à une seule bande latérale. Elle permet aussi de démoduler les émissions télégraphiques CW par un phénomène d'interférence. Pour écouter des stations de radiodiffusion en modulation d'amplitude il faut se tenir en dessous de l'accrochage, en effet en cas d'accrochage les interférences créées entre l'oscillation de l'étage à réaction et la porteuse de l'émission aboutissent à un sifflement insupportable à nos oreilles. La réaction améliore grandement la sensibilité d'un récepteur simple. En 1933 (3), HA Robinson publia des mesures qu'il avait faites : le gain d'une lampe mesuré à 9,2 sans réaction, montait à 7900 juste avant l'accrochage et 13500 juste après l'accrochage. Dans notre montage la sortie de la lampe est la cathode, pour que le signal de sortie soit en phase avec le signal d'entrée. La cathode est reliée à une prise intermédiaire du circuit oscillant d'entrée, déterminée expérimentalement. Théoriquement on pourrait régler la réaction (r) en choisissant la prise intermédiaire où brancher la cathode. En pratique c'est impossible. On fait donc varier le gain A en faisant varier la tension anodique.

La réaction augmente aussi la sélectivité. En effet, étant appliquée à un circuit oscillant LC, r est maximum à la fréquence de résonance fo du circuit oscillant. Pour les fréquences différentes, r diminue rapidement, et l'amplification diminue grandement dès que la fréquence reçue s'écarte de fo. Faisons un calcul simple. Imaginons que le gain d'un étage sans réaction soit de 10 (A=10) à la fréquence de résonance f0 du circuit oscillant. Si je réapplique à l'entrée une proportion de 0,099 du signal de sortie (r=0,099), le gain total de l'étage avec réaction devient égal à 1000 (G=1000). Étudions maintenant le gain à la fréquence f1/2 pour laquelle le gain de l'étage sans réaction est de 5 (A=5) grâce à l'effet de sélectivité du circuit oscillant qui atténue par 2 le signal. La proportion du signal de sortie réappliquée à l'entrée est elle aussi atténuée et devient égale à 0,045 (r=0,045). Le gain total pour la fréquence f1/2 est alors de 6,45 (G=6,45). Cet exemple illustre bien le fait que la réaction amplifie énormément le signal à la fréquence de résonance fo du circuit oscillant et très peu dès que la fréquence est différente de fo.

La sélectivité et la sensibilité de notre montage, comme de celui de F8AB, dépendent donc uniquement de la réaction.


Annexe 2 : La détection

Notre schéma est original. Il correspond à la deuxième triode. Ce qui limite la sensibilité et la sélectivité d'un récepteur à réaction est le bruit de fond. La détection grille habituellement employée dans ces récepteurs est très bruyante en basse fréquence. En effet, la grande résistance de grille ne court-circuite pas à la masse les bruits AF induits sur la grille de la lampe. Ce bruit est dû au bruit 1/F et à l'induction du courant 50 Hz alimentant les filaments. Certains alimentent donc les filaments des récepteurs à réaction en courant continu. Il m'est apparu plus simple de modifier la détection. Le signal est appliqué directement sur la grille, sans polarisation. Du fait de la très faible tension plaque l'intensité anodique est très loin de la saturation, et la lampe ne travaille pas dans une portion rectiligne : les demi-alternances positives sont plus amplifiées que les demi-alternances négatives. Il y donc bien détection. La grille est branchée sur une prise intermédiaire du circuit oscillant LC. En effet, sa faible impédance pendant les alternances positives oblige de la brancher à un point à faible impédance pour ne pas trop amortir le circuit oscillant. Avec ce montage, tout le bruit audio-fréquence induit sur la grille est court-circuité à la masse par la bobine. Le rapport signal sur bruit est donc excellent. Le signal audio est recueilli sur la plaque de la triode.

Annexe 3 : Utilité d'un étage RF

Vous l'avez compris, la réaction améliore la sélectivité en amplifiant beaucoup la fréquence fo qui correspond à la résonance du circuit LC et modérément les fréquences différentes. Si vous écoutez une station amateur sur 7.08 MHz et qu'une puissante station de radiodiffusion sur 7,2 MHz est déjà audible sans réaction, il sera impossible de supprimer le brouillage par la réaction. Un simple poste à diode permet d'entendre sans aucune amplification plusieurs stations dans cette bande le soir. Le seul moyen de supprimer le brouillage est d'atténuer le signal à l'entrée du récepteur pour que la station de radiodiffusion devienne inaudible sans réaction. L'atténuateur le plus simple est un potentiomètre. Si ce potentiomètre est branché directement entre l'antenne et le circuit oscillant, le moindre réglage modifiera la fréquence la fréquence de résonance du circuit LC et donc la fréquence de réception. Le récepteur devient très difficile à régler. Il faut donc un étage séparateur entre le potentiomètre et le circuit oscillant. Des années de pratiques ont démontré qu'un étage RF en grille à la masse est le système le plus simple qui donne de bonnes performances. Dans notre montage il s'agit de la première triode. Grâce à cet étage RF, le réglage du potentiomètre est très simple. Il faut d'abord régler la fréquence dans la bande désirée. Il faut ensuite se mettre juste après l'accrochage et régler le potentiomètre juste en dessous du point où apparaissent des stations hors bande ou un souffle important.


Annexe 4 : Étage AF

Les casques actuels sont à basse impédance. Leur sensibilité est moindre que celle des casques haute-impédance des temps héroïques. Certes leur bande passante est nettement meilleure, mais cette caractéristique est peu importante pour un poste à réaction qui ne sera jamais HIFI. Par ailleurs, il est confortable de pouvoir écouter avec une niveau sonore suffisant. L'amplification audio fréquence doit donc être importante. Avec une alimentation anodique de 12V, l'amplification d'une triode est faible. Lors de la mise au point du montage, il m'est apparu qu'il fallait 4 étages. Il s'agit des triodes 5 à 8.


Annexe 5 : Longueur des connexions

Vous le savez, les connexions doivent être très courtes. En réalité, seul le circuit oscillant doit avoir des connexions très courtes. Cela comprend les condensateurs variables, le commutateur, les bobines et la masse entre ces organes. Les figures 3 et 4 représentent les connexions critiques. Les connexions reliant le circuit oscillant à la triode réalisant la réaction (troisième triode), bien que moins critiques, doivent aussi être relativement courtes.

Pour les autres connexions 20 cm sont encore acceptables, à condition que le plan de masse soit excellent, ce qui est le cas si vous employez une plaque de bakélite cuivrée ! L'utilisation des plans de masse en cuivre est nécessaire pour atteindre le rendement élevé de l'appareil. Bien sûr, toutes les connexions ne doivent pas faire 20 cm. Mais cela vous destressera si quelques connexions doivent être longues. Pour obtenir un bon câblage, le plus simple est de suivre au plus près le schéma théorique. Le schéma d'implantation des principaux composants est donné figure 5. Je rappelle que les CV sont fixés sur la plaque horizontale, seuls les potentiomètres sont fixés sur la face avant. Il faut toujours commencer un câblage par les filaments.

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Annexe 6 : Stabilité en fréquence

L'écoute des stations BLU demande une stabilité en fréquence meilleure que 100 Hz. Pour une fréquence de 7 MHz, cette stabilité est difficile à obtenir. D'abord, il faut que la réalisation mécanique soit rigide. Il ne faut pas de connexion qui vibre. Il en est de même pour les bobines. Le plan de masse doit être excellent, pour que le potentiel RF de la masse soit identique en tout point. Pour éviter un effet de main (variation de la fréquence en approchant la main des boutons de réglage ou du câble allant vers le casque), il faut un écran entre le panneau avant et les composants du récepteur. L'emploi d'un châssis chaise formé avec 2 plaques de bakélite cuivrée répond à tous ces problèmes. Les condensateurs variables (à air) et le condensateur fixe 220 pF (NP0) pour la gamme 12 – 19 MHz doivent être excellents. Pour une bonne stabilité en fréquence il faut employer un faible coefficient L/C (forte capacité, faible self). Les bobines doivent être d'excellente qualité : fil de gros diamètre, importante rigidité. Reste le problème de l'échauffement des lampes. Dans ce montage il faut attendre au moins une heure pour pouvoir écouter 15 minutes une station BLU sur 14 MHz sans retoucher l'accord. Signalons que l'emploi d'un étage RF améliore la stabilité en évitant que le circuit oscillant soit chargé par l'antenne. Dernier conseil : en dehors des condensateurs variables, n'employez que des composants neufs. Les lampes peuvent avoir été fabriquées il y a 30 ans, mais ne doivent pas être des récupérations douteuses.



Annexe 7 : Rapport L/C

Dans un récepteur simple comme une détectrice à réaction, le circuit oscillant détermine à lui seul la sélectivité du montage et dans une large mesure la sensibilité et la stabilité en fréquence. Les bobines et les condensateurs d'accord doivent être d'excellente qualité. Les bobines doivent être réalisées avec du fil de gros diamètre. Les supports doivent être d'excellente qualité, le plus simple étant de les réaliser sans mandrin. Les condensateurs fixes doivent être stables en température (NP0). Reste à trouver le bon rapport L/C. Pour une même fréquence, plus la capacité d'accord est importante plus la sélectivité et la stabilité en fréquence sont importantes, mais la sensibilité diminue. La perte de sensibilité peut être rattrapée par un étage d'amplification supplémentaire, mais pas la sélectivité. Il faut donc privilégier un faible rapport L/C. La limite est la nécessité d'obtenir facilement l'accrochage. En effet, si la capacité est trop importante, l'oscillation n'est plus possible.


La nécessité d'utiliser une forte capacité pour obtenir une bonne sélectivité s'explique aisément. Soit une self parfaite L associée à une capacité parfaite C en parallèle d'une résistance de perte R. À la résonance fo l'impédance est égale à R. Dès qu'on s'éloigne de fo, il faut que la self ou la capacité résultant du circuit oscillant ait l'impédance la plus faible possible pour court-circuiter au maximum à la masse les signaux de fréquence différente de fo. Il faut donc la self soit la plus faible et la capacité la plus grande possible. Dans la réalité il existe une limite. En effet la bobine et le condensateur ne sont pas parfaits. À partir d'une certaine limite, leurs pertes deviennent prédominantes. Même à la résonance le signal est très atténué et le circuit n'oscille plus.


Annexe 8 : Étalonnage

Je conseille de commencer par la gamme 14-5 MHz. Dans un premier temps, il faut vérifier que la réaction se produit. Il suffit de connecter un voltmètre électronique entre la masse et la plaque de la détectrice (triode 2), et mettre la réaction au maximum (12 V sur la plaque de la triode 3). En court-circuitant le circuit oscillant, la tension plaque de la triode 2 doit augmenter nettement. Sur 7 MHz la tension passe sur mon montage de 1V (réaction au maximum) à 5V (pas de réaction du fait du court-circuit). Branchez l'antenne, mettez le casque, tournez le potentiomètre de la réaction nettement au-dessus de l'accrochage et manœuvrez le condensateur variable principal, vous devriez entendre quelque chose ! Pour aller sur une fréquence particulière, prenez un petit poste OC avec affichage numérique. Réglez-le par exemple sur 7 MHz, en position BLU. Approchez-le du poste à réaction si c'est une radio portable, sinon remplacez l'antenne par un bout de fil arrivant à proximité du poste à réaction. Toujours en accroché manœuvrez le CV principal. Vous entendez un sifflement ? C'est que vous êtes sur la même fréquence à quelques kHz près. Personnellement j'ai étalonné mon poste tous les MHz au dessus de 5 MHz et tous les 500 kHz en dessous. Attention, pendant cet étalonnage le condensateur vernier de 20 ou 40 pF doit être au maximum de la capacité.

Un cadran peut être simple à réaliser. Il faut utiliser un bouton à vis et remplacer la vis d'origine par une nouvelle de 3 ou 4 cm. Un tableau d'étalonnage rudimentaire peut être fait en assimilant la position de la vis à la grande aiguille d'une horloge. Dans mon cas, pour recevoir la bande des 40 m il faut que je place la vis à 32 minutes. La précision est largement suffisante pour retrouver une gamme précise.


Annexe 9 Ronflement en accroché

Un ronflement caractéristique des récepteurs à réaction, généralement sans étage RF, survient uniquement accroché, surtout sur les fréquences élevées supérieures à 10 MHz (tunable hum des américains). Aucun ronflement n'est perceptible en déconnectant l'antenne. Un autre récepteur ne capte aucun ronflement. Ce ronflement s'explique simplement par la modulation de l'onde créée par en accroché par le tension secteur dans le bloc alimentation. En effet, l'oscillation qui survient lors de l'accrochage est émise par l'antenne. Les fils du secteur captent cette onde. Par capacité elle traverse le transformateur, atteint les diodes de redressement ce qui provoque une modulation 50Hz de l'onde. Cette onde modulée est ensuite retournée au récepteur par le cordon d'alimentation. Pour supprimer ce ronflement, il faut donc un étage RF pour éviter que l'antenne rayonne, et mettre en parallèle des diodes de redressement des condensateurs de 10 nF . Ces condensateurs doivent avoir des connexions courtes pour court-circuiter l'onde RF au niveau des diodes et donc empêcher que se produise la modulation 50Hz de l'onde.


Annexe 10 Alimentation 12V

Il faut une alimentation régulée. La plus simple consiste en un transformateur 230/12 V suivi d'un pont de diodes et un régulateur 12V. Il ne faut pas oublier les condensateurs de 10 nF en parallèle de chaque diode et un condensateur de 470µF entre l'entrée du régulateur et la masse ainsi qu'un deuxième entre la sortie et la masse.


Annexe 11 Vers une THT ?

Vous voulez essayer une plus haute-tension. Je vous conseille de vous limiter à 24V. Une alimentation régulée 24V est aussi facile à fabriquer qu'une alimentation 12V. Seule la résistance de grille de l'oscillatrice (Tr3) doit impérativement être modifiée. Je propose de commencer à 470 kohms. Une fois la valeur optimale obtenue, il suffira ensuite d'ajuster les résistances anodiques pour obtenir le plus grand gain possible. En utilisant cette très haute tension de 24V et des tubes à grille cadre (ECC189, ECC88, 6N23P..) ayant une pente de plus de 10 mA/V, il est possible de supprimer une triode AF. En utilisant Tr4, il sera donc possible d'avoir un excellent résultat avec seulement 3 lampes.


1 L Rodern, A travers l'océan dans les deux sens, La science et la Vie, n°89, novembre 1924, p459-460 repris dans Radio-Ref novembre 1973, p784-786

2 G Giniaux, Comment recevoir les ondes courtes, fascicule 2, p13 (Éditions Etienne Chiron)

3 HA Robinson, QST février 1933, p26-30 et p90 (ARRL)



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