Récepteur bandes amateurs en bois.


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Vue de face



Bien sûr ce n’est pas un récepteur en bois, mais sur planche de bois. Le but de ce projet est de réaliser un récepteur le plus simple possible permettant une écoute des principales bandes amateurs décamétriques (15 17 20 40 80 m) en haut-parleur, avec une sélectivité adaptée à la SSB et une sensibilité suffisante pour fonctionner sur antenne Lévy de 2 * 10 m. Seul un superhétérodyne peut remplir ce cahier des charges.

Pour des raisons de simplicité, il a été décidé de réaliser ce montage sur une planche de bois de 20 cm sur 32 cm. Des petits clous d'un mm sur 16 mm, servent de points de connexion. Le changement de gamme de réception ne s'effectue pas par un commutateur, mais par le remplacement de 2 bobines interchangeables. Grâce à ce système, la réalisation du récepteur et le réglage des circuits oscillants est extrêmement facilités. Les bobines interchangeables permettent d'obtenir un excellent rendement. Seuls des transistors bipolaires sont utilisés du fait de leur robustesse. Des composants avec des pattes suffisamment longues ont été sélectionnés de façon à faciliter le câblage. Pour chaque fonction, il n’y a qu’un transistor afin d’éviter les accrochages. Enfin, Il n'y a aucun condensateur variable ou ajustable, mais seulement trois diodes varicaps.

Le schéma synoptique est classique, identique à celui de nombreux récepteur réalisé depuis la fin des années 30. Le changement de fréquence s'effectue à l'aide d'un transistor oscillateur et d'un transistor mélangeur. L'étage FI ne comporte qu'un seul transistor. De façon à compenser le gain relativement faible en FI, la démodulation s'effectue avec un transistor bipolaire. Deux BFO sont prévus, l'un pour l'écoute de la bande latérale supérieure, l'autre pour l'écoute de la bande latérale inférieure. Un seul circuit intégré donne une amplification suffisante pour une bonne écoute en haut-parleur. Un transistor en parallèle du haut-parleur permet un contrôle automatique de volume relativement efficace, bien qu'extrêmement simple.

Le choix de la fréquence intermédiaire est critique. Plus la fréquence intermédiaire est élevée, plus la fréquence image est atténuée. Cependant, dans le même temps la fréquence de l'oscillateur local tend à augmenter ce qui diminue la stabilité en fréquence. Par ailleurs, il faut éviter que la fréquence intermédiaire, son harmonique 2 et la fréquence image soient sur une gamme de radiodiffusion. Enfin, il faut que des quartz soient disponibles et bon marché pour cette fréquence. Le choix final s'est porté sur une fréquence intermédiaire de 10.245 MHz.

L'absence d'étage RF facilite la réalisation du montage. En son absence, le facteur de bruit de l'étage mélangeur de fréquence doit être faible possible. Les transistors bipolaires permettent d'obtenir facilement un bon facteur de bruit associé à une certaine amplification alors que d'autres mélangeurs, ayant un excellent facteur de bruit, atténuent le signal. Certes, les transistors sont sensibles à la transmodulation, mais l'absence d'amplification RF préalable permet d'obtenir des résultats corrects.

Examinons le schéma étage par étage.

Schéma

L'étage mélangeur est classique. Les transistors bipolaires ont un gain réel (bien que modéré) et un rapport signal sur bruit correct au détriment d'une mauvaise résistance aux signaux forts à l'origine d'un effet de transmodulation important. Il faut donc obligatoirement utiliser un potentiomètre permettant d'atténuer les signaux en cas de réception de stations puissantes. Ce potentiomètre sert aussi de gain général pour le récepteur. Le courant collecteur du mélangeur doit être plus faible que pour un étage amplificateur. La valeur de la résistance du circuit collecteur doit être adaptée à l'impédance du filtre à quartz. Remarquez le condensateur de 47 pF entre base et émetteur. Ce condensateur est extrêmement important, en particulier pour atténuer les stations de la bande FM. Ses connexions avec la base et l’émetteur doivent être extrêmement courtes. Les deux diodes tête-bêche 1N4148 servent à protéger le transistor des champs RF induits à proximité d'un émetteur. Si vous n'utilisez pas d'émetteur, vous pouvez supprimer ces diodes. Un circuit bouchon accordé sur 10,245 MHz dans circuit d'antenne est indispensable pour éviter l'entrée de signaux indésirables dans l'amplificateur FI. Un interrupteur permet de choisir 2 points de polarisation, local ou DX.

L'oscillateur est un montage Colpitts. Pour obtenir une bonne stabilité, il faut employer une capacité d'accord la plus importante possible. Cette capacité d'accord est la résultante du condensateur Ct, des deux condensateurs de 220 pF en série pour le couplage de l’émetteur du transistor, et de la résultante de Cs - Cp et la varicap. Les 2 condensateurs Cs Cp permettent un bon étalement de chaque gamme. L'accord de l'oscillateur se fait par une diode varicap. Un potentiomètre de 47 kohm 10 tours permet de parcourir la totalité de la gamme voulue, un deuxième potentiomètre 47 kohm simple tour permettant un accord fin. Un vu mètre de 250 mA sert de cadran rudimentaire. Pour obtenir une bonne stabilité en fréquence, il est indispensable que tous les condensateurs de cet étage d'une valeur inférieure à 1000 pF soient des condensateurs céramiques NPO. C'est aussi indispensable pour le condensateur de 3 pF et celui de 47 pF qui sont réunis à la base du transistor mélangeur.

Le filtre à quartz est du type QER. Ce type de filtre quartz permet d'obtenir une excellente courbe de réponse tout en étant facile à régler, les condensateurs employés ayant tous la même valeur. Ces filtres peuvent être calculés de façon simple en suivant le tutoriel sur la page suivante : http://www.rotilom.com/F6IDT/filtre_quartz.htm . Ce filtre emploie 8 quartz, cependant il agit d'un filtre 6 pôles. Vous pouvez modifier la bande passante en modifiant la valeur des condensateurs. La bande passante de 3 Khz est bien adaptée à la SSB et permet aussi de décoder la télégraphie avec une sélectivité large ou de détecter la modulation d’amplitude avec une sélectivité étroite.

L'étage amplificateur de la fréquence intermédiaire ne comporte qu'un seul transistor. En effet, les risques d'auto oscillation augmentent de façon importante avec le nombre d'étages. Remarquez la résistance de 100 ohms et le condensateur de 22 pF qui servent à empêcher des auto oscillations UHF ainsi que l’entrée en direct de stations de la bande FM. À la sortie de cet étage, un circuit oscillant accordé 10,245 MHz est indispensable. Là encore, l'accord se fait par varicap.

Le démodulateur est un transistor en collecteur commun. Ce montage est celui qui représente le meilleur compromis entre une bonne sensibilité et une bonne stabilité. Il faut que le transistor fonctionne avec une faible intensité collecteur.

L'amplificateur basse fréquence comporte deux transistors. Des Darlingtons ont été choisis pour obtenir un maximum de gain avec un minimum de composants. Quatre circuits intégrés ont été essayés, mais les résultats ont été décevants. L’utilisation d’un amplificateur en classe AB aboutit à des pics de courant qui modifie la tension des varicaps ce qui aboutit à une modulation de fréquence de l’oscillateur variable, malgré les différentes régulations. Le système de contrôle automatique de volume est difficile à régler avec un circuit intégré. L’utilisation d’un amplificateur en classe A avec des transistors résout les 2 problèmes, au prix d’une consommation de 250 mA en continu. Un petit radiateur est indispensable pour le TIP122. il permet d'obtenir une puissance BF tout à fait acceptable pour l'écoute forte en haut-parleur (0,5 W mesuré). Un interrupteur de "stand-by" permet de connecter la sortie de l'amplificateur sur le haut-parleur ou à la masse. Cet interrupteur n'est utile que si le récepteur est associé à un émetteur. Il permet de rendre muet le récepteur pendant l'émission.

Le circuit de contrôle automatique de volume, bien que rudimentaire, est relativement efficace. Le principe de base est de connecter un transistor en parallèle du haut-parleur. Quand la tension de sortie de l'amplificateur AF dépasse 0,6 V, le transistor devient conducteur et diminue la tension de polarisation de la base du transistor amplificateur FI. Un dispositif potentiométrique permet de faire varier la tension AF appliquée à la base du transistor, de façon à régler le niveau de déclenchement du contrôle automatique de volume. Le condensateur de 10µF règle la constante de temps de réaugmentation du gain après l’écoute d’un signal fort, alors que la résistance de 1Kohm règle la constante de temps d’attaque de la diminution de gain. Si cette constante de temps est trop courte, la moindre impulsion parasite bloque le récepteur.

La démodulation de la SSB impose de réintroduire la fréquence porteuse supprimée à l'émission. Il faut donc utiliser un BFO. La fréquence porteuse étant différente en bande latérale supérieure (fréquence porteuse en dessous de la bande passante du filtre FI) et en bande latérale inférieure (fréquence porteuse au-dessus de la bande passante du filtre FI), le plus simple est d'employer deux BFO différents. Un interrupteur ON OFF ON applique la tension d'alimentation à l'un ou l'autre BFO permettant de choisir la bande latérale adéquate, où en l'absence de BFO de détecter la modulation d'amplitude. Chaque BFO est constitué d'un transistor avec un quartz 10,245 MHz. En fonction des quartz, vous devrez probablement modifier la valeur des condensateurs de base et de collecteur pour obtenir une fréquence correcte. À noter un fil qui sert d’antenne pour chaque transistor. Il faut régler la longueur de ces fils en les rapprochant plus ou moins du filtre à quartz de façon à obtenir la meilleure sensibilité pour la démodulation de la SSB.

Le récepteur doit être alimenté par une alimentation 12 V régulée. À partir de cette tension régulée, une deuxième régulation à 9,4 V est utilisée pour alimenter l'oscillateur local et toutes les varicap. Les 2 diodes 1N4007 en série avec la varicap améliorent nettement la régulation en cas de changement de température.

La face avant du récepteur comprend l'interrupteur de "stand-by", le potentiomètre de gain d’antenne, le potentiomètre d'accord du circuit oscillant d'antenne, le potentiomètre 10 tours permettant de parcourir la totalité de chaque gamme, le potentiomètre d'accord fin, le potentiomètre du contrôle automatique de gain (AVC) et interrupteur local DX. Le commutateur pour les BFO est fixé sur la planche de bois. Les socles des 2 fiches DIN utilisés pour recevoir les bobines interchangeables doivent être impérativement à plus de 15 cm des boutons de commande de la face avant pour éviter tout effet de main.

Les bobinages du circuit d'entrée et de l'oscillateur sont du type interchangeable. L'emploi de bobines interchangeables dans les réalisations amateurs était habituel jusqu'aux débuts des années 50. En effet, l'absence de commutateur facilite la réalisation, et permet éventuellement d'ajouter de nouvelles gammes secondairement, par exemple de radio diffusion. Des prises DIN quatre broches ont été utilisées. Ces prises ont le mérite d'être encore fabriquées aujourd'hui, d'être peu coûteuses et de taille relativement réduite. Pour les bobines du circuit antenne, le plus simple est d’utiliser des bobines miniatures. Les 2 inductances doivent être cote à cote. À noter que pour les bandes hautes (15 et 17 m), il est indispensable d’utiliser 2 bobines primaires entourant la bobine secondaire pour obtenir un couplage suffisant. Pour l’oscillateur, il est indispensable de réaliser les bobines. Elles n’ont pas de mandrin (réalisation « en l’air).Elles utilisent soient du fil électrique d'installation de 20 A (2,5 mm²), soit du fil de câblage monoconducteur à isolation PVC (câble YV) de diamètre extérieur de 1,1 mm (0,5 mm pour le conducteur). Quand tout est au point, les spires sont collées à la colle cyanolite liquide (superglue). J’ai réalisé les bobines sur un mandrin cylindrique de 22 mm de diamètre (lampe noval). Ces bobines, avec les condensateurs Ct Cs Cp, sont soudées directement sur les broches de la fiche DIN.

En pratique, une fois les bobines oscillatrices réalisées, il faut choisir par essais multiples la valeur des condensateurs Ct Cs et Cp. Pour commencer Cp est choisi à 220 pF, Cs en fonction du tableau et Ct permettant d’être un peu plus haut en fréquence que la valeur désirée. Il faut alors vérifier que la largeur de la gamme est satisfaisante ou modifier Cs de façon adéquat. Il ne reste plus alors qu’à la fréquence désirée en ajoutant en parallèle de Ct des condensateurs de petite valeur. L’achat d’un assortiment de condensateurs céramiques NPO facilite beaucoup la tâche (Ceramic Capacitors Assortment Kit npo). Le condensateur Cs permet d’ajuster l’étalement de la bande. Un autre récepteur récepteur en position SSB, sans antenne extérieure, aide beaucoup au réglage.

Le circuit bouchon 10,245 MHz placé dans la connexion d’antenne est réalisé avec une petite self moulée de 2.2 µH et un condensateur de valeur adéquat en parallèle. Ces composants ont souvent une tolérance importante. Il faut donc mesurer précisément avec un pont de mesure (LC200A) la valeur de la self, calculer la valeur de la capacité nécessaire pour l’accord sur 5 MHz, choisir un condensateur de valeur normalisée immédiatement inférieure, mesurer sa valeur réelle, calculer la différence pour choisir un ou deux condensateurs supplémentaires permettant d’approcher la valeur cible totale avec moins de 5 pF de différence. Le résultat final est excellent, aucun autre réglage n’étant nécessaire.

Sur 14 MHz, des fréquences images dans la bande des 6 MHz sont nettement audibles. Il faut mettre un circuit bouchon accordé sur 6,3 MHz. Celui-ci est réalisé de la même façon que le circuit bouchon accordé sur la FI, mais avec une inductance de 4,7 µH. Ce circuit bouchon est placé directement sur la fiche DIN prévue pour le 20 m.

Ce récepteur est agréable à utiliser. Sur les cinq bandes, le souffle apporté par l'antenne Lévy de 2 * 10 m est nettement audible en SSB. La sélectivité est bien adaptée à la SSB, avec élimination de la bande latérale indésirable. Le contrôle automatique de volume est appréciable. Il est possible d'écouter de la modulation d'amplitude « sur le flanc » de façon à conserver suffisamment d'aiguës. La sensibilité est toutefois plus faible en AM qu'en SSB du fait de l'absence de BFO.

Accord antenne : inductances miniatures           
Bande / Secondaire / Primaire
15 m et 17 m/ 1 µH / 1,1 µH (2x 2,2 µH en parallèle)
20 m / 2,2 µH / 2,2 µH
40 m / 10 µH / 4,7 µH
80 m / 22 µH /
10 µH


Oscillateur               
15 m / 10,755 MHz à 11,205 MHz / 3 tours / Ct = 481 pF / Cs = 220 pF / Cp = 220 pF
17 m / 7,823 MHz à 7,923 MHz / 4 tours / Ct = 780 pF / Cs = 156     pF / Cp = 220 pF
20 m / 3,755 MHz à 4,105 MHz / 8 tours / Ct = 570 pF / Cs = 680     pF / Cp = 220 pF
40 m / 3,245 MHz à 3,045 MHz / 10 tours / Ct = 680 pF / Cs = 470 pF / Cp = 220 pF
80 m / 6,745 MHz à 6,445 MHz / 5 tours / Ct = 827 pF / Cs = 330     pF / Cp = 200 pF

Fil électrique 20A 2.5mm2 (15 17 80m)
Fil de câblage 0.2mm2 (20 40m)
Diamètre 22 mm

Olivier Ernst
F5LVG
Novembre 2016



bobines1
Dessus